Kbal Pleak

Après une nuit où nous avons été berçés par les cigales, c’est la pluie qui nous cueille au réveil… Décidément, nous n’avons pas de chance aux Manguiers… Pour ne pas perdre la journée, nous décidons de prendre des vélos pour rejoindre le centre de Kampot. Direction la gare ferroviaire, pour se renseigner sur les trains circulant vers Sihanoukville. Le réseau ferré Cambodgien est l’un des pires d’Asie, mais pour un court trajet, c’est pittoresque. Pour celui que nous envisageons, il y a d’après les guides 100 km, que le train parcourt à 20km/h de moyenne, en circulant vers PhnomPenh un jour et vers Sihanoukville le lendemain car il n’y a qu’une seule voie…  Il nous faut donc savoir dans quel jour nous pouvons avoir un train dans la bonne direction.

La gare date de l’époque coloniale et la route qui y mène est goudronnée. Le tout n’a pas dû beaucoup changer depuis cette période. C’est quasi désert et les vaches paissent entre les voies rouillées. Aux quelques curieux qui viennent nous voir, nous essayons sans succès de nous faire comprendre et il n’y a qu’une ligne en khmer sur le panneau d’informations… Nous prenons un jus de canne dans une échoppe voisine, et là encore, on nous répond qu’il n’y a pas de train… Il semble que notre projet tombe à l’eau…

La pluie s’est arrêtée et nous permet de tenter la randonnée vers les chutes d’eau. Nous ne sommes pas complètement équipés pour la marche mais n’avons guère envie de rallonger de 4 km de mauvaise piste pour aller chercher la carte et des chaussures fermées. Nous nous contenterons des vagues souvenirs du plan et de sandales. Tout commence par 8 km à bicyclette, puis une pause boisson pour tout le monde. Nous avançons encore un peu et confions nos vélos à des villageois. Il nous faut ensuite 1h de montée à flanc de colline pour arriver aux chutes. Le rythme est dur avec les filles. N’ayant pas la carte, nous faisons une petite erreur qui  nous oblige à revenir en arrière. Il faut chaud et soif. Malgré tout, le chemin est superbe. On voit la vallée de Kampot et même la mer au loin. Le chemin est bordé de plantations mal entretenues : bananes, noix de cajou, durians, cannabis (?) Plus on avance et plus cela se transforme en jungle d’où émergent des arbres immenses. L’arrivée aux chutes se fait par un petit chemin très sportif mais le bord de l’eau nous apporte enfin un peu de fraîcheur. Nous nous arrêtons donc pour pique niquer sur les rochers, au dessus de la chute d’eau.

Après le déjeuner, nous repartons car Mathilde n’apprécie pas tellement le bruit de l’eau. La descente nous paraît nettement plus rapide que la montée et nous retrouvons nos vélos sans encombre. Une petite pause au bord de la route et la chanson de notre enfance prend tout son sens : Quand moi faim, moi malin, moi manger banane. Quand moi soif, moi malin, moi boir’ suc’ de canne… cf famille Lacotte pour la musique ;-)

Pour le retour aux Manguiers, il nos faut retraverser la rivière. Lors de notre précédente visite à Kampot, nous avions eu recours à un passeur mais il y avait des rumeurs comme quoi ce dernier avait vendu sa maison. Nous ne voulons pas prendre le risque de nous casser le nez et descendons donc le long de la rivière jusqu’à un pont. Le 1^er pont rencontré est celui de la voie ferrée mais il permet de raccourcir le trajet de quelques kilomètres. Vu la fréquence et la vitesse des trains, nous l’empruntons sans grand risque. Les traverses rendent le passage des vélos difficile. Encore ékm de mauvaise piste et nous sommes bien contents de nous reposer aux Manguiers. Les filles ont supporté avec docilité cette éprouvante journée. Elles s’endorment et nous prenons un bain dans la rivière pour nous détendre. Pour ceux qui avaient des inquiétudes, on nous a assuré que la rivière n’était pas dangereuse pour se baigner.

Nos hôtes nous confirment qu’il n’y a pas de train pour Sihanoukville. Nous partirons donc demain en bus.